La discipline que j'ai préférée lors de mes études, surtout à partir du lycée et étudiée en détail à la fac, c'était embrasser les garçons. Oui, j'ai vécu une jeunesse joyeuse, non je n'étais pas de ces filles qui rêvent à l'eau de rose, et je n'ai jamais trouvé de raison pour me dispenser d'aller étudier, sur le terrain, la vie des corps quand ils s'attirent.

Et en plus, j'en garde un bon souvenir. Immorale jusqu'au bout.

Je crois qu'à cette époque, j'étais droguée au premier baiser avec un mec. Ce que ça présage du reste, ce que ça dit de lui, de nous, de l'alchimie pour la nuit à venir (bon, parfois, quelques nuits, on est pas que des brutes).

Quand mes histoires sérieuses ont commencé, les deux fois, j'ai eu cette interrogation un peu vertigineuse. Ce "oh, si ça se trouve, ce premier baiser était mon dernier", quand les choses se sont précisées.

Je suis au regret de vous dire que ça n'était pas entièrement une bonne nouvelle, dans ma tête. Surtout que dans l'un des cas, c'était vraiment... enfin vous voyez, cette expression "embrasser comme un labrador" qui a beaucoup fait rire certain(e)s d'entre vous ? Elle ne sort pas de nulle part.

Au début je me suis dit "tout s'apprend, un peu de diplomatie, un peu de pratique, ça ira bien". Mais non, rien à faire. Le roulage de pelle a donc très rapidement disparu de notre langage amoureux.

Tout ça pour dire que ça serait vraiment insupportable qu'une carrière pareille se termine sur un échec de cette dimension. Et pourtant, ça n'est pas exclu.

Me voici donc comme il y a 44 ans, mi résolue, mi boudeuse à l'idée de ce Trafalgar labial.

Moi à cinq ans, l'air boudeur, assise dans l'herbe
Moi à cinq ans, l'air rêvo-boudeur, assise dans l'herbe, août 1980

Et surtout, avec une envie avide de "ces" premiers baisers qui embrasent tout.