Lever de soleil sur les toits de Paris un matin de septembre

Et puis un jour, j'ai rencontré un mec qui ressemblait d'assez près à ce que j'aurais esquissé d'un homme que j'aimerais aimer[1] .

Note

[1] C'était à une période de ma vie où j'avais la tête sous l'eau en quasi continu et puis un jour, en prenant une grande inspiration avant de replonger, je l'ai vu, là, en train de lire l'intérieur de moi, le truc le plus intime qu'on porte en soi, l'ADN de notre âme, écrit pour chacun dans une langue qui lui est propre. Il avait l'air de trouver ça normal, comme s'il avait étudié mon langage toute sa vie. Je ne sais pas quoi de ce que je lui ai donné ou de ce que lui a pris l'a installé au cœur de moi, l'air d'être chez lui comme s'il payait le loyer. Evidemment, il y avait des obstacles et comme le story telling de la vie est moins bien foutu que celui d'une série Netflix, j'ai fini, après avoir cherché à comprendre, écouté des conseils puis tout balayer d'un geste de la main, faire de mon mieux, parfois de mon pire, par me dire qu'au moins ça me mettait à l'abri de savoir si les choses qu'on vit différemment auraient été ou pas des différents inconciliables autrement. J'ai fini par prendre comme ça venait. Parfois pas simplement mais en essayant de ne rien supposer. Je n'ai jamais rien vécu de pareil, ni ressenti quoi que ce soit d'approchant, c'est comme avoir trouvé au bout de sa rue quelqu'un d'une même planète que soi, l'impression de ne presque rien savoir et le laisser toucher l'essentiel à chaque fois. Je n'ai jamais laissé qui que ce soit s'approcher de si près ; je n'étais même pas sûre qu'il savait ce qu'il faisait. C'était, c'est tout. Il avait, presque sans rien faire, infiltré tout ce qui avait du sens pour moi. Tout ce qui tenait ma vie debout. J'ai cheminé longtemps avec sa présence invisible et omniprésente dans mes pas. J'ai eu souvent l'impression qu'il était tatoué à l'encre invisible sur toute la surface de mon corps. Il paraît que les fantasmes sont toujours meilleurs que la réalité, alors peut-être que j'avais eu le meilleur qu'il était possible de vivre avec ce type là ; l'imaginaire d'une âme à explorer, sans la réalité brutale du quotidien. Peut-être qu'un jour j'arrêterai de me demander "Et si ?"