Ce matin, je me suis réveillée en pleurant.

Ca faisait un moment, depuis la dernière fois, j'espérais un peu cette phase derrière moi. Il faut croire qu'il y a des rechutes.

Je crois que j'ai arrêté le carnage juste à temps, avant qu'il ne soit trop tard pour avoir un coût mental difficile à payer. A vrai dire, sans doute un peu tard, déjà.

Ces 13 dernières années, j'ai donné tout ce que j'avais d'amour et d'énergie. Pour aider un gamin que je n'avais pas fabriqué à être vu tel qu'il était, notamment. Echec partiel.

A soutenir coûte que coûte son père dans l'espoir que beaucoup d'amour et une vie familiale structurante l'aideraient à s'épanouir.

Echec total.

Je ne vais pas rentrer dans les détails parce que.

Ca ne sert à rien.

Mais grosso modo j'ai l'impression de m'être fait vider de tout ce qu'il y a de chouette en moi, par une bande de Détraqueurs en goguette. Et quoi qu'en pensent peut-être certain(e)s on est très au-delà de querelles sur qui doit faire la vaisselle.

Pour que je vous dise que je suis en vrac, émotionnellement, c'est qu'il y a du mal de fait (celles et ceux qui savent quelle dure à cuire je suis savent).

En échange, j'ai reçu : pas grand chose. Les mots d'amours comme les actes d'amours ont été rarissimes [1]. Le soutien inexistant.

Je commence juste à réaliser que ce que j'ai vécu n'avait pas grand chose de normal.

Alors oui, ça va aller. J'aurais aimé ne pas devoir endosser en plus ce rôle de meuf odieuse qui doit rappeler quotidiennement que si, monsieur, il faut songer à partir, qu'il n'y aura pas de rallonge, pas de changement de cap. C'est de plus en plus dur, de jour en jour. Mais c'est un mauvais moment à passer. Je crois que je suis encore assez solide pour encaisser ça (peut-être pas beaucoup plus).

Oui il y a pire, dans la vie, que de foirer sa vie sentimentale et de se faire farcir de doutes sur ce qu'on a bien pu faire pour mériter ça. Quel sentiment de surpuissance divine m'a donné l'illusion que je pouvais être utile dans cette situation ? Suffit-il qu'un mec me regarde avec un vague intérêt pour que je me persuade que c'est le seul qui m'aimera jamais et m'enchaîner à lui, ma santé mentale dût-elle en pâtir ?

(J'espère que non) (Mais je ne suis pas si sûre).

Est-ce que je suis encore capable d'aimer ? Oh putain de merde, oui, si seulement, ça m'aiderait un peu, au moins temporairement. Mais oui, absolument.

Est-ce que je suis assez grande pour me dire que si j'ai une responsabilité dans la situation d'aujourd'hui, je n'en suis pas coupable ? Environ.

Est-ce que je gagne des discussions avec ma saboteuse intérieure sur le fait qu'il n'y a pas de question de mérite ou de punition karmique dans tout ça ? Fièrement. Bon. Enfin presque tout le temps.

Est-ce que j'ai un comportement rationnel devant la moindre gentillesse ? Pas du tout. J'ai fondu en larmes ce matin en recevant l'adorable colis envoyé par une amie. Et je suis à ça de décerner des prix Nobel et des médailles aux deux gars qui, quand on se voit pour déjeuner, se gèrent sans moufter la logistique "trouver où / réserver". Je ne sais pas si je dois leur dire mais j'ai l'impression qu'ils sont les tickets d'or du genre masculin, à être capables de faire ça[2] Alors ok, c'est mon référentiel qui est claqué au sol, mais quand même.

Donc voilà. Un peu de réparations à venir sur le fait que, recevoir de l'attention, des attentions, c'est super chouette mais pas si anormal que ça. Peut-être même que ça serait un peu la base, entre gens qui se portent de l'affection. Et du repos émotionnel, si cette chose existe, histoire de me dire que je ne fais pas que prendre, ces derniers mois, et qu'il m'arrive de donner un peu, sur un malentendu.

Demain sera un autre jour.

(C'est pas moi qui le dit, c'est Deezer qui me l'a prédit pour cette année. Même si cet enfoiré se garde bien de donner des précisions ou de prendre des engagements sur le fait que ça soit : réciproque, dans le même espace-temps, etc)

Notes

[1] Lomalarchovitch quand même, indispensable. Mon enfant soleil qui rend toute chose plus jolie par la lumière qu'il dégage.

[2] Je rigole un peu parce que ça va bien, de pleurer, mais je pense qu'à eux deux ils ont géré plus de réservations ces six derniers mois que je n'ai eu de moments au restau à ne m'occuper de rien sauf d'apporter ma gracieuse présence ces 13 dernières années.