L'autre jour, j'ai entendu, probablement dans un documentaire sur Colette, à propos de "Chéri" et de sa relation avec son beau-fils Bertrand de Jouvenel, "on écrit des histoires puis elles nous arrivent". J'ai commencé par grommeler en me disant que vraiment, espérons que non, sinon imaginez la vie de Stephen King (ou de Bernard Werber, private joke, ne cherchez pas).

Je suis passée à autre chose et les heures ont défilé. Jusqu'à ce que je me rende compte que.... bordel... je crois que ça m'arrive aussi.

J'écris des trucs ici et un peu après, survient dans ma vie quelque chose qui ressemble à un écho de billet.

C'est subtil, ça n'est parfois qu'un peu de temps après que je me dis "ah tiens, c'est marrant qu'il se soit passé ceci alors que j'ai écrit cela". Il m'arrive d'être un peu moins rapide, sur certains sujets.

C'est léger, presque imperceptible. Peut-être que je rêve.

Peut-être que je vois des choses qui n'existent pas, comme dit un copain qui pense que je fais finir par ramener un sociopathe chez moi, sans même que je lui raconte quoi que ce soit, ni même que l'envie ne m'en prenne.

Peut-être que j'interprète ? Ou que ce sont des coïncidences, auquel cas il faudrait que j'arrête de caser des "Coïncidence ? Je ne crois pas" tous les quatre matins ?

Ou que je prends mes désirs pour des réalités ? Je deviens folle, docteur ?

Et surtout, que faire de ce pouvoir inédit qui fait surgir de mes doigts des mots qui palpitent de l'envie de prendre forme ?

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Tout le monde sait ça (merci SpiderMan).

Alors quoi ? Dans quelle direction aller scientifiquement éprouver cette impression ?

Mettons de côté les ambiances thriller, polar, s'il vous plaît, je prendrais bien un peu de moins sombre dans ma vie.

Un billet façon philosophie plus ou moins stoïque, pour parler de l'acceptation de ce qui est et de ce qui ne peut être, des joies à saisir et de celles à ne pas anticiper ? Moui... j'ai l'envie de vivre qui vibre follement, moi, ces jours-ci, alors les renoncements et la sagesse, je suis croyante mais pas trop pratiquante, soyons honnête.

Une grande tragédie avec des sentiments torturés, des morts tragiques et un timing catastrophique ? Des souffrances partout où c'est possible pour vivre quelques minutes très haut ? Soupir. Je n'ai pas vraiment envie de me souhaiter du mal, là, même s'il s'assortit de fugaces instants d'immense bonheur. Peut-on faire à la carte ? (Si seulement.)

De l'érotisme débridé ? Je ne suis pas sûre d'être la plume qu'il faut pour ça (je ricane toute seule dans ma tête à l'infinité de blagues possibles).

De la romance façon Bridgerton, avec des obstacles aussi difficiles à surmonter qu'une brindille posée sur le chemin. Des désirs inavouables, des sentiments refoulés qui finissent toujours par gagner à la fin ?

"All stories are love stories" (c'est la première phrase d'un roman cher à mon cœur). Ah. Et pour les trucs sur les blogs, ça fonctionne comment, gros malin ? ai-je envie d'interpeller l'auteur.

Je suis songeuse.

Méfie-toi de ce que tu souhaites, moquais-je quelqu'un in petto, il y a peu. Mais oui mais l'envie !

Finalement, je me demande si ça n'était pas plus facile du temps des vieux blogs, quand la vie précédait l'écriture. La sorcellerie n'est pas une chose à manier avec légèreté, si vous voulez mon avis.