J'ai le cœur gelé de toi depuis quelques jours. Pas vraiment en colère, pas vraiment brisé, juste pris dans un bloc de glace, anesthésié.

Pour un tout petit rien, un pas grand chose. Pour une raison que je connaissais déjà qui m'a sauté aux yeux avec force à cause de circonstances inhabituelles.

Jusqu'à présent, les miettes que tu m'as données avaient jeté une ombre ; je n'avais pas autant conscience d'être la 1975e roue du carrosse. Tu habilles joliment les choses de tes mots, et par une malédiction familiale, je suis génétiquement prédisposée à être sensible à ça. Ca m'évite de m'accuser de tous les maux ; j'ai un papier du docteur, je ne pouvais pas y échapper, voilà. Oui, je suis un peu de mauvaise foi. Pas tant, quand même. Juste un peu.

Bien sûr, tu ne te rends pas compte, je suppose, de ce baromètre intérieur qui a dégringolé. Je fais comme d'habitude, ou quasiment. J'ai songé à tourner les talons, sans un mot, sans drame. Je n'y arrive pas encore tout à fait. Ou alors je vais, un jour, être saisie de colère et tout casser, je suis très douée pour ça, tout casser.

Bien sûr qu'on en parlera pas. Cette histoire faite de demi (quarts de ?) mots et d'esquisses de gestes repose sur une montagne de non-dits si haute que le mont Blanc a l'air d'une taupinière à côté.

Elles étaient délicieuses, tes miettes, mais là, j'ai envie de m'arracher ce coin gelé de mon cœur et de te le jeter aux pieds pour que tu t'en démerdes.

Il va falloir de la miette de compétition, la championne internationale des miettes, la miette ultime, pour t'en sortir.

(Category is : Golden breadcrumb)