Pendant de longues années, j'ai pensé que, pour moi, le plus grand acte d'amour, c'était de faire un enfant avec l'homme que j'aimais.

Comment imaginer plus engageant que de savoir qu'on est lié à jamais avec l'autre ? Qu'à chaque étape cruciale de la vie de cet enfant, on sera l'un et l'autre à ses côtés, même si plus ensemble. Que le couple parental devra rester intact dans l'intérêt de l'enfant, même si le couple amoureux a explosé en plein vol.

Finalement, je crois bien que j'ai toujours eu dans un coin de tête l'idée que ces enfants, s'il le fallait, je les élèverais "seule" et qu'on se débrouillerait toujours. Dont acte.

Sans doute qu'aujourd'hui, je dirais quelque chose comme : l'amour gratuit.

Celui qu'on donne sans le dire, ou en tout cas sans trop de grandiloquence, en laissant la possibilité à l'autre ne pas vouloir savoir.

Celui qu'on a déshabillé de toutes ses attentes, ses espoirs, ses promesses non dites.

Quand on arrive à savourer la chance de connaître l'autre et ce qu'il ou elle apporte à nos vies, quel que soit le chemin partagé. Qu'on lui souhaite tout le bonheur possible, même si ça n'est pas avec nous.

Quand la vie est plus belle de l'avoir dedans. Quoi qu'il arrive ou quoi qu'il n'arrive pas, loin des étiquettes et des points de passage. Seulement ce que le chemin a à offrir.

Bien sûr qu'on est pas des saints et qu'il arrivera qu'on pleure des litres de larmes, qu'on s'emballe sur un rien, que le cœur batte déraisonnablement. Bien sûr qu'il y a du désir qu'il faudra peut-être assouvir autrement, bien sûr qu'il y a des jours où on vendrait son âme pour un mot doux, un baiser, une étreinte, même une fois, une seule.

Mais savoir se dépouiller de ses attentes et vivre ce qui peut exister, ce qui peut s'offrir, sans peser sur l'autre, oui, ça a un peu d'allure, il me semble.

Un billet qui n'est donc pas destiné aux heureux en amour qui n'auront qu'une vague idée de ce dont je parle.