Ces derniers jours je n'ai pas été très bonne en dressage de rêves. A la faveur de circonstances propices, je les ai un peu trop laissés s'étaler, se transformer en envies. Oh, ne vous inquiétez pas. J'ai mes trucs. Je descends un peu dans les noirceurs, je passe quelques heures à contempler le désespoir. Puis je remonte, triste mais apaisée, au moins un peu. Je n'espère pas être comprise, sur ce coup-là, pas de soucis.

Et donc, au programme, répétitions du mantra : les hommes ne quittent pas leurs femmes.

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est une vérité statistique. Même pourvus d'une ou plusieurs maîtresses, ils ne quittent pas leurs épouses, c'est ainsi. A cause : de l'immense respect pour les amours anciennes, des enfants, de la logistique, de qui va s'occuper de prendre ma vie en main et mille et une autres raisons qui ne sont pas moins valables que d'autres.

On a jamais dit que c'était une chose facile.

Et puis, dans quelques cas : ils n'ont pas de raisons pour ça, ils sont heureux. Que ces heureux fassent rayonner leur lumière sur le monde, on en a bien besoin.

Donc, me voici à répéter mon mantra guérisseur.

Oui je sais, les exceptions. Les très riches qui ont du personnel pour gérer leur logistique. Les anomalies statistiques, dont les deux chers à mon cœur qui me font la confiance de partager avec moi leurs doutes et envies. Et ils sont si beaux, à chercher le chemin vers eux, ces deux-là, si vous saviez.

Bon.

Une anomalie statistique n'est pas une vérité. La vérité c'est que les hommes ne quittent pas leur femmes, surtout quand ils n'ont aucune raison pour le faire, voilà[1].

Et quand bien même ils le feraient, ça ne serait pas la solution à tous mes battements tristes. Je vous laisse, je vais plonger un peu plus profond, ça ira mieux dans très bientôt. Après tout, dans 20 à 30 ans, il ne restera que la douceur et la tendresse. Je rigole. Que personne ne panique.

Les mains de Nick Cave

Note

[1] J'espère que vous noterez que je n'ai pas écrit : "Et toi, de toute façon, tu n'en vaudras jamais la peine, pauvre fille". J'ai même réussi à ne pas le penser trop souvent, héroïne que je suis.