Discussion récente un peu vaseuse avec de jeunes personnes au sujet de l'adage bien connu, "Suis moi je te fuis, fuis moi je te suis".
Ce concept me laisse rêveuse depuis environ toujours.
Sans doute parce que je n'ai pas besoin de doper mes émotions à la sauce d'un jeu au vocabulaire proche de la prédation. Elles sont bien assez prenantes comme elles sont. Et puis, quand j'aime je ne chasse pas. Et si j'aime sentir l'attention particulière d'un homme, je crois qu'il me serait difficile de le lui signifier en m'enfuyant.
Je vois bien que ça a l'air de fonctionner, sur certain(e)s mais vraiment, pour des raisons de vie trop courte, de battements de cœur déjà très forts, et de plein d'autres choses sans doute, ça me laisse vaguement dubitative.
J'ai l'impression que ça confond l'amour et le désir. La séduction (je n'aime pas tellement non plus ce mot, d'ailleurs, il induit une forme de tromperie ou de prise de pouvoir sur l'autre qui ne fonctionne pas tellement avec la façon dont j'espère librement et mutuellement consentir aux conséquences d'une attirance réciproque, dans la vie) et l'attraction.
"Oui, mais l'interdit est source de désir", me dit-on ?
Ah bon ? Faut voir. Est-ce que c'est la possibilité d'exister, qui rend la relation (fût-elle brève et physique uniquement) moins intense ? Ou juste le fait de rencontrer vraiment l'autre, d'accepter ce qu'il n'est pas autant que ce qu'il est, ce qu'il ne veut pas autant que ce qu'il veut et toutes ces sortes de choses. Souvent on confond l'autre avec l'idée qu'on s'en fait. Le rapport qu'on a avec lui ou elle avec celui qu'on voudrait avoir.
Alors je ne sais pas, peut-être est-ce l'âge, la sagesse. Ou la connerie qui s'incruste, c'est possible aussi. Mais moi, le mec à qui je dis (d'une façon ou d'une autre) que je suis là, et pour qui ça me rendrait d'un coup moins intéressante, ce ne sera probablement pas un mal s'il fuit. Erreur de casting mutuelle en devenir.
On parlait de ça, l'autre jour, avec S. Si j'aime quelqu'un, de toutes les façons dont on peut aimer, je serai là, longtemps. Avec parfois, peut-être, des interruptions parce que la vie, mais, je veux dire, ma porte est toujours ouverte aux retours, les rares personnes à qui j'en veux définitivement, ça n'est même pas à moi, qu'elles ont fait du mal, je suis une sorte de labrador indéfectible. Et je le dis aux gens que je croise parce que je crois que c'est essentiel, dans la vie, de dire ce genre de choses, même mal, même maladroitement.
Les jeux et tâtonnements des moments où on espère que l'autre aussi, a au moins un peu envie, il y en a tant, mais des occasions d'aimer, sans doute moins. Alors pourquoi faire semblant et faire mine de partir en courant ? Vraiment, ça me dépasse.
Notez bien que ça n'est peut-être pas complètement étranger avec l'échec constant de ma quête de l'âme sœur, si tant est qu'une telle chose existe.
Mon paternel résumait ça par « le désir s’accroît quand l’effet se recule » ( les fesses reculent) suivi de son rire gras. Il disait aussi que l’amour n’existe pas, il n’y a que des rapports de force. Il disait énormément de conneries qui définissaient exactement le connard qu’il était ( qu’il est, il est pas encore décédé, la méchanceté ça conserve).
Bref tu imagines bien comme je me suis construite à l’opposé de ces adages toxiques et donc que je suis absolument d’accord avec toi. ( sans surprises 😉)
Luceluciole si je te dis que la photo d'illustration a faille être nos ombres sur la plage ?
Ce concept fonctionnait bien pour moi quand j'étais minot, mais petit à petit je m'en suis bien débarrassé. Je le prends vraiment plus comme une marque d'immaturité (pour moi hein) du coup.
Pour ce que ça vaut, ça me dépasse aussi.
C’est curieux car en ce moment je vis une situation un peu semblable avec une très vieille amie.
Pour des raisons qui m’échappent en partie mais qui semblent avoir un lien avec certaines de mes « chances » (être à la retraite, avoir ma maison) elle m’a fait plusieurs coups tordus. J’ai mis assez longtemps à les identifier, ayant le gène de la Bécassine béate et envisageant l’amitié comme indéfectible.
Maintenant que j’ai identifié la situation, je suis distante et froide. Résultat : un concours d’amabilités et de mielleuseries.
Je regrette que, comme le père de Luce, trop de gens voient les relations comme des rapports de force.
« Trop bon trop con » disait-on autrefois. J’ai refusé cette vision, mais que faire face à des personnes qui l’ont intégrée, même à leur insu ?
La vie est trop courte pour jouer au chat et à la souris… Si on veut coucher _avant_ le premier soir, faut arrêter les simagrées. 😏
Bah globalement, tout ce qui vient appuyer sur les insécurités plutôt que de bien les traiter, ça n'est pas un grand signe de maturité, Matoo. Après on peut se raconter ce qu'on veut sur les instincts de chasseurs de mammouths des mecs mais bon. J'aime à penser que vous êtes un tout petit peu plus que des tas de pulsions incontrôlables !
Anna pas étonnée qu'on soit dans le même camp !
Samantdi ou peut-être que, justement, celles et ceux qui nous sont proches à un instant T sont les personnes avec qui on ne se fait pas "avoir" ? Et qu'il y a des phases et parfois des fins dans les amitiés comme dans toutes les histoires ou presque ?
Orpheus avant, pendant, après, dans l'autre sens. Bref, priorisons, bordel !
@ Anne : "(qu’il est, il est pas encore décédé, la méchanceté ça conserve). Et ben finalement si, et deux jours avant mon com, mais je le savais pas encore ;-)
luceluciole je vois ton commentaire après qu'on en ait parlé ce matin mais j'y ai pensé directement, évidemment, en apprenant la nouvelle.