Je suis plongée dans une tristesse insondable, ces derniers jours.

La faute à un truc que je sais depuis longtemps. La faute aux rêveries, au retour sur Terre, obligatoire, urgent. La faute à des actes et mots auxquels je ne sais quel sens donner. J'ai du mal avec les choses que je ne comprends pas. J'ai laissé des voix planter dans ma tête des trucs envahissants, en plus, l'effet poignée de sel sur plaie à vif.

Réflexe élémentaire, je me roule en boule et me colle dans un coin. Je ne sais pas très bien me laisser consoler.

Je me demande si vraiment, c'est juste une blessure au cœur qui me fait ça. Ou si, comme d'autres avant moi, issus du même sang, j'amorce le virage, je passe de la joie de vivre au constat amer que le meilleur est derrière moi, comment voulez-vous que dans le monde qu'on se fabrique le meilleur soit devant nous ? Est-ce que je vais finir amère et aigrie comme eux ? Pas envie. Butez moi si ça m'arrive.

Je ne sais pas très bien me faire consoler parce que quand je suis triste, je m'agace des meilleures intentions, qu'on prédise mon futur et les surprises qui ne manqueront pas de s'y trouver, notamment. Qu'est-ce qu'on en sait ? Rien, personne ne sait. Pour autant qu'on sache, vous, moi, on a 5 minutes à vivre et on se tape sur l'épaule en disant "ça ira mieux demain".

Je suis au courant que c'est exactement ça qu'on fait entre humains, pour se consoler, mais je suis meilleure consolante (enfin ça reste à prouver) que consolée, c'est tout.

Il y en a peu qui, parfois, si ça se trouve complètement par hasard, ont eu le mot ou le geste parfait au parfait moment. Retour au point de départ.

Ca me rend dingue, putain, j'étais douée pour le bonheur, moi. Ou pour sa quête. C'est peut-être ça, mon problème, d'ailleurs. Du mal à m'accommoder de la réalité. Retour au point de départ.

Roulée en boule, comme un chat, j'espère en sachant que je ne dois pas l'espérer la main, les bras, les mots qui me donneront enfin le goût de remonter durablement à la surface. La main, les bras, les mots qui ne viendront pas, évidemment, c'est en moi que je dois trouver ça. Et ben je ne trouve pas ; il y a un sacré bordel, là-dedans, et puis j'en ai marre de ces coups de blues toutes les quelques semaines et je mets une mauvaise volonté évidente à chercher. Et puis vous avez déjà essayé de vous prendre vous-même dans vos bras ? C'est vide des battements de l'autre coeur qui vous tient contre lui, d'une autre chaleur que la votre. Peut-être que votre système nerveux se laisse tromper deux secondes mais en ce qui me concerne, j'ai surtout l'intense conscience d'avoir l'air con et de ne pas aller mieux.

J'ai une blessure au coeur qui pique fort ces jours-ci, des mômes qui se détestent de façon si spectaculaire que mon home sweet home est redevenu scène de bataille, le boulot, c'est brutal, le contexte du moment. Nulle part où regarder pour trouver de quoi générer de l'enthousiasme. Donc je me tais beaucoup parce que dès que je l'ouvre j'ai la larme qui monte.. Depuis combien de temps je n'ai pas été puissamment heureuse plus de quelques heures, quelques jours ? Est-ce que c'est seulement possible ? J'ai l'impression que d'autres y arrivent très bien mais que sait-on au fond du bonheur des autres ?

Incapacité chronique à me contenter de ce qui m'allait très bien il y a encore quelques jours. Je me fais l'effet d'être une gamine gâtée qui s'invente des problèmes existentiels.

Alors voilà, je change de mode opératoire, je ne me terre pas une semaine, une quinzaine, en me disant que quelqu'un finira bien par se rendre compte que je ne suis pas là où on m'attend (non, en général non). Je vous le dis, je suis triste et épineuse.