Longtemps, j'ai été accro aux mots d'amour, je crois que je me suis un peu désintoxiquée (la faute à des "mon amour" qui pensaient pouvoir masquer l'absence d'actes d'amour, sans doute. Les mots sans les actes ont un goût détestable).

Un peu.

Pas trop.

Et puis je vieillis, je sais ceux que j'ai déjà dits, déjà écrits. Je regarde ces mots anciens avec des sentiments mêlés. J'apprends l'insuffisance des mots, je me méfie des répétitions, des jamais, des toujours.

Je vis dans un de ces moments où je les garde pour moi, où je les déguise un peu, parce que dits comme ça, tout de go, ils feraient basculer trop fort un fragile équilibre (? C'est ce que je me raconte, en tout cas) entre ce que je donne et ce que je peux recevoir. J'en trouve d'autres, je réfléchis parfois (pas trop), j'efface, je réécris, je pèse chaque lettre, je contourne.

Ne vous inquiétez pas, c'est de moi qu'il s'agit, il y a des moments où ça déborde un peu, dans le registre subtil qui m'est cher. La chasse, le naturel, le galop et toutes ces sortes de choses.

Un pied derrière la limite, oups, quel pied ? Rien vu. D'ailleurs je n'ai pas vraiment trouvé où était cette limite, jusqu'à présent. Bref, on s'en fout, ça n'est pas le sujet.

Et tous les mots, anodins ou pas, deviennent un peu des mots d'amour, de lien, d'histoire qui se tisse en un motif inconnu. Il me semble qu'ils gagnent du terrain.

Désintoxiquée, hein?

Oui, non, je sors.