Je me traîne depuis quelques années une cour de jeunes gens outrageusement flirteurs.

Il n'est pas exclu que ça soit lié à mon monde de recrutement. J'arrive sur le marché, je dis bonjour, comment allez vous, je souris et je fais des blagues.

Du coup, les petits vendeurs à peine sortis de l'adolescence se disputent la joie de me servir (et le diable sait que j'adore me faire servir, vieille private joke, ne cherchez pas).

Ca marche assez bien avec les jeunes serveurs au restaurant, aussi.

Et v'la t'y pas qu'on se raconte des blagues et des horreurs et qu'on se quitte très fiers de nous.

Peut-être, sans doute qu'ils savent qu'ils ne risquent pas grand chose avec moi (je veux dire, même deux de 20 ans, ça ne fait pas un homme, non ?)

Alors il fourbissent leur numéro de charme pour le plaisir de l'exercice, ils me sortent leurs plus belles fossettes sans aucune intention.

C'est assez drôle, je dois dire, de les voir rouler des mécaniques autour d'un poulet à rôtir ou d'un kilo de clémentines.

Quitte à les avoir sous la main, enfin pas littéralement, ils ne craignent rien de moi, je vous dis, mais vous voyez, j'ai parfois l'horrible tentation de leur léguer de quoi gagner quelques années. Quelques commandements utiles, quoi.

  • Oui, une femme qui simule, c'est en fait très facile à griller. Si tu veux le savoir.
  • Utiliser du lubrifiant n'est pas déchoir, mon petit.
  • Si les rabbits ont autant de succès depuis aussi longtemps, ça a un rapport avec le fait qu'ils font plusieurs choses simultanément. Oui, oui, j'insiste.

Jusque là je me suis retenue de livrer cette science issue d'un long parcours de vie, car quand même, je ne voudrais pas être arrêtée pour avoir proféré des propos inconvenants à des jeunes gens à peine majeurs avant d'avoir acheté le fromage. J'attends de vieillir encore un peu, ça sera encore plus drôle.