Alors tu es là, accrochée à ton mantra : pas d'attentes, pas d'espoirs, et tu te retrouves soulevée par une vague puissante d'émotions qui te coupent le souffle, la parole, te laissent désarmée, coeur à nu, comme si tu découvrais ce qui s'y passe depuis longtemps.

Tu te dis, calme-toi, meuf, respire large. Savoure, déjà. C'est pas bon, de sentir ton cœur battre, comme si une dose supplémentaire de vie parcourait tes veines ? (si) C'est pas fou, ces mots qui t'atteignent pile au coeur ? (si)

Et non, ils ne sont pas courants, ceux qui t'ont coupé le souffle. T'as pas les mots.

À vrai dire, ils vont très bien, tes mots. C’est juste le fait qu’il n’y en a que quelques-uns que tu as envie de dire et que : non. Ce n’est pas parce qu’on observe le monde du haut d’une vague que les mots que tu retiens deviennent d’actualité. Alors tu prends ton temps, tu respires. Tu ressens chaque son de ces mots comme s'ils sortaient de ta bouche, mais tu les gardes pour toi, encore un peu au moins.

Tu te dis que cette vague, si elle t'était nocive, ne te porterait pas. Elle te noierait, elle te submergerait, te laisserait asphyxiée sur le rivage, secouée, inerte.

Rien de ça. Tu vas bien. Tu es vivante, tellement. Tu savoures la joie, tu lèves le menton et tu graves ta mémoire de souvenirs. "J'aurai au moins vécu ça."

Alors tu vis chaque seconde sur cette vague, et si tu ne connais plus jamais rien de si bon, et si la Terre ne change pas son axe de rotation pour toi, tant pis.

Tu te sens là, pour ce que cet océan aura à offrir ; les jours de grand bleu et ceux de déchaînements gris. Pour les marées hautes comme les basses. Tu te fous complètement de la douleur, de la peur, tu es concentrée sur la seule chose qui vaille : il existe.

Si tu dois y verser toutes tes larmes, qu'il en soit ainsi. Les eaux salées se mêleront, sans que personne n'en sache rien.

Et si une autre vague vient, tu es prête. Sereine, confiante comme tu ne l'as jamais été.