Ca serait marrant qu'on cherche des symboles partout, des actes manqués, des sens cachés. Je n'ai pas tellement besoin de te penser plus, va, mais cette ouverture involontaire sur un morceau de toi auquel je ne peut pas prétendre m'a fait sourire.

Heureusement pour toi, j'ai tout mis sur le dos d'une étourderie que je soupçonne chronique.

J'ai beaucoup hésité à te signaler cette ouverture[1], pas par crainte de te dire au passage que oui, je te reluque un peu, quand j'ai le plaisir de t'avoir en face de moi, je crains que tu ne t'en doutes sans les sous-titres. Mais hey, je ne suis pas ta meuf, ni ton miroir, et si tu me donnes un peu de ce que je ne peux pas attendre, qu'y puis-je ? Je ne suis qu'humaine. Un peu sorcière, sans doute, mais humaine et un peu émue par ce bout de toi.

Je pensais qu'avant, si tant est que ça existe, avant, après, il n'y a entre nous que du "il y a si peu" et du "de toute éternité", j'ai l'impression, bref, je pensais que je te captais moins bien que le reste du monde. Que sans doute j'étais trop encombrée de mes sentiments pour écouter mes intuitions. Alors je t'ai fait confiance, j'ai cru ce que tu m'as dit, j'ai eu raison, jusqu'à présent.

Et puis je me suis rendu compte que non, finalement, je les perçois, tes états d'être, souvent tu es sur une fréquence si proche de la mienne, d'ailleurs, que ça me coupe le souffle, les mots, les réactions immédiates. Je réagis en différé.

Or donc j'ai rêvé, bien sûr, à ce qui se passerait si je pouvais poser le bout des doigts, la paume de la main, sur ce qui était offert à mon regard et si inaccessible.

Et dans mes rêveries j'avais l'impression que je pourrais parcourir ta peau en l'effleurant à peine, sentir dans son grain tes lumières et ombres, le tissus arachnéen de tes névroses, les suivre fil par fil, elles sont si proches des miennes, je crois, percevoir ta force, tes peurs, tes envies. Tracer de la pulpe de mes doigts des traits d'or, du kintsugi pour souligner ce que tu as construit depuis toujours pour en arriver au toi de maintenant, dont le regard m'a, sans qu'on se demande rien, donné envie d'accéder au moi de maintenant.

Mes mains rêveuses sont bien moins sérieuses que celles qui vivent dans le vrai monde, celui où je me tiens presque sagement derrière une ligne que toi seul peux, ou pas, décider de franchir. Moi, je suis là pour ce que tu veux.

Peut-être que le prochaine fois, je te dirais, si l'un des boutons de ta chemise était ouvert, rêveur, va. Ca me coûte un peu de retenir mes bras qui s'ouvrent pour toi[2] et de ne pas poser les mains sur toi, déjà, alors si tu en rajoutes.

Les sentiments apparents La légèreté d'approche La chevelure des caresses Sans soucis sans soupçons Tes yeux sont livrés à ce qu'ils voient Vus par ce qu'ils regardent Confiance de cristal Entre deux miroirs La nuit tes yeux se perdent Pour joindre l'éveil au désir.

Notes

[1] N'allez pas fantasmer des trucs, lecteurs et lectrices éventuel(le)s, ça n'était pas une braguette béante

[2] Quand j'y parviens.