Un jour, une sorcière d'une grande sagesse habituée des commentaires ici (mais aussi de ceux de ma vie) m'a demandé si, vraiment, c'était raisonnable de tout attendre d'un seul homme ? Comprendre, si un homme te comble l'âme et le coeur, mais pas le corps, par exemple (au hasard), pourquoi ne pas en avoir un - ou plus - pour les envies de peau ?

Alors bon, en effet, j'ai vécu plus ou moins comme ça mes années d'étudiante. Mais plus on avance sur le chemin, moins on a, dans son entourage proche ou lointain, ou même de chance de rencontrer, des gens avec qui on pourrait avoir cette relation ; assez d'intimité pour être confortable corps contre corps, assez de confiance pour que ça soit simple, assez de légèreté pour ne rien attendre d'autre qu'une relation de potes qui, quand l'envie s'en fait sentir, se réchauffent le manque de chair, sans prétendre avoir de droits sur l'autre, sans se froisser que son coeur soit ailleurs, sans se faire du mal ou décevoir des espoirs asymétriques.

J'ai une pensée émue pour X (cette initiale est vraiment la sienne, et tombe à point nommé).

C'était un ami du mec de ma meilleure amie. On était jeunes, souvent ensemble, tous les quatre, on écoutait les Boo Radleys (et on les a même rencontrés), on vivait pour la musique (et la littérature, en ce qui me concerne), on n'avait pas de sous mais on était pleins de rêves.

Je crois qu'il sortait d'une histoire douloureuse, moi j'aimais P, qui ne me le rendait pas sur le même ton. Il arrivait régulièrement qu'on finisse la nuit ensemble. Il faut dire qu'il était facile à convaincre, il suffisait que je pose mes lèvres sur celles de mon amie, pourtant fort chastement, et il devenait immédiatement incapable de résister à quoi que ce soit.

A un moment j'ai appris qu'il couchait également avec mon amie (suis-je censée savoir ça, officiellement ? Il me l'a dit, mais je ne suis pas sûre d'en avoir jamais parlé avec elle), plein de culpabilité de trahir son pote et, peut-être, de la tromper elle avec moi. Je ne sais pas ce qu'elle pensait de nos nuits, qui n'étaient pas vraiment un secret, elle n'a jamais rien dit. Mais qu'est-ce qui se passait dans sa tête à elle ? Aucune idée.

On a fini par être lui et moi témoins de son mariage à elle, avec un autre mec, puis se perdre de vue.

Je ne sais pas ce qu'il est devenu. Mon amie, elle, l'est toujours, et ne savait pas non plus la dernière fois qu'on s'en est parlé... Mais je garde des souvenirs jolis de cette liberté de s'aimer tout en ne s'aimant point.

Bref, je crois que la réponse à celle qui suggère qu'on peut séparer ses activités est : il est presque aussi difficile de trouver un bon amant pas chiant pour qui on soit une bonne amante pas chiante qu'un homme qui sache nous voir vraiment, alors les deux simultanément, ma pauvre...

Une chemise blanche sur un portant avec, écrit en caractères rouges dans le dos : "I had sex with you in my head