Je crois que ce billet pourrait aller indifféremment sur l'un ou l'autre de mes nombreux blogs. Mettons ici.
J'aime bien le drama pour rire. Il y a trop peu d'occasions de s'amuser, si les micro-événements (même contrariants) de l'existence ne nous donnent pas matière à en faire un peu de théâtre, à quoi sert la vie (à rien, on sait, ou si peu). Or donc quand j'ai une paire de pompes qui me fait mal aux pieds[1], on est totalement d'accord que c'est un non-événement à impact nul sur l'existence. Sauf si on en fait un truc outré pour faire rire les copains. Si on fait la drama queen du pied pour amuser la galerie. Et là, on transforme une ampoule monstrueuse - dont j'ai encore la trace quasi 10 jours plus tard - en occasion de faire du spectacle qui ne se prend pas au sérieux, meilleure conversion d'énergie possible pour la mortelle que je suis.
Seulement parfois, ça n'est pas pour rire.
Et maintenant le revers de la médaille.
Quand on est né avec le potentiomètre des émotions poussé au maximum ET une capacité à imaginer les mille pires scénarios possibles à une situation donnée, il arrive qu'on "dramatise". Pour aucune autre bonne raison que c'est le reflet exact de ce qu'on ressent (et ce qu'on ressent n'est pas pour les chochottes, laissez-moi vous le dire).
Au temps pour le côté théâtral, ça n'est vraiment ni pour jouer ni pour casser les pieds du monde. C'est une détresse qui tombe, d'un coup ou progressivement, et dont on arrive mal à se sortir.
Alors oui, avec les années, on dirige un peu mieux le flux, on se souvient que les émotions sont des informations, on rationalise, on trouve une ou mille techniques pour faire baisser l'intensité un peu plus vite. Parfois.
On apprend aussi à différencier les sources non prioritaires, qu'on peut mettre un peu plus en sourdine, de celles essentielles.
Dans ma vie, il y en a un dont j'arrive parfois à me dire "il est encore plus en souffrance que toi, ça ne sert à rien, désengage". Et je fais diversion comme quand mes enfants avaient deux ans.
Les trouilles infinies quand il arrive un truc aux enfants et où on doit prendre le dessus tout de suite, maintenant, pour eux.
Il y a celui qui est à la fois tellement et tellement peu dans mon paysage, l'idée qu'il ne soit plus là (je veux dire : pas mort, mais vivant sans moi dans sa vie) peut me lancer dans une boucle compliquée. Jusqu'au moment où je me rappelle que lui faire confiance, jusqu'à présent, aussi singulier soit-il, inattendu et imprévu, a plutôt été une bonne chose.
Evidemment je préfère les fois où c'est pour rire.
Mais on n'a pas toujours le choix. Bienvenue dans le monde des intenses, des anxieux, des fucked up, des creeps et des weirdos, des qui ont la trouille au ventre de l'abandon ou autres névroses tout aussi inconfortables. On vous jure qu'on fait au mieux, mais qu'on en bave à l'intérieur, comme un poignard dans le cœur dont on a, en réalité, qu'une hâte ; s'en débarrasser.
Parfois je me dis que ça doit être tellement reposant, la vie des gens qui ressentent calmement.
Mais au fond je ne suis pas sûre d'échanger ma place contre la leur.
Photo : Les jours où c'est du drama pour rire.
Cette chanson, pour illustrer, fait peut-être un peu tarte à la crème, mais rappelez-vous la baffe qu'on a prise quand elle est sortie, les gens qui étaient là, comme elle est quasi impossible à reprendre, comme elle nous fait toujours vibrer plus de 30 ans après. Voilà.
Note
[1] J'ai failli écrire au pied, au singulier, souvent elles m'ont fait mal à l'un ou l'autre des pieds, sans raison apparente. Bref, c'est du passé, n'en parlons plus.
C’est marrant ce concept de Drama Queen.
Je ne connaissais pas du tout.
Du tout, du tout, du tout ! 😛
Orpheus c'est normal, c'est tellement éloigné de ta personnalité !
Il y a des jours où je me demande si les gens ressentent calmement ou s'ielles ont juste appris à cacher mieux que d'autres...
Anna il y a des gens qui sentent moins fort, c'est sûr. Mais peut-être pas calmement (mais j'ai eu tant de discussions décalées sur le fait que personne ne réagissait comme moi, ni ne réagissait tout court, que la différence de réglage ne me fait aucun doute).