Et donc dans la sphère privée, on en pense quoi, de la liberté ou de son absence ?
Paradoxalement, dans un monde qui promeut le couple hétéro comme modèle, la langue s'inscrit en faux : je suis libre, je reprends ma liberté, c'est quand même une façon positive de se dire seul(e), non ? La liberté, c'est plutôt une aspiration bénéfique et positive ? Donc le couple, ça voudrait dire : accepter de renoncer à la liberté pour l'autre.
On pourrait dire que c'est vrai. On pourrait aussi dire qu'on y gagne autre chose. On pourrait dire que c'est faux. Pas très net, tout ça. Mais on comprend mieux celles et ceux qui ont des problèmes d'engagement : quelle terreur que de se dire prisonnier(e) de l'unité qu'on forme avec l'autre.
Pour avoir repris, dans un passé pas si lointain, ma liberté... oui, bien sûr, ça se savoure.
Mais ça va aussi dans un monde où, même si le partage des trucs chiants est un peu moins inégalitaire que pour les générations précédentes, même si les données varient considérablement d'une unité domestique à l'autre, les femmes encaissent un certain nombre de charges. La mienne était de penser. Pour et à la place de presque tout le monde dans la famille. Alors voilà, j'ai récupéré plus de boulot domestique mais infiniment moins de charge mentale, et ça, c'est une libération.
La tentation est grande de se dire : plus jamais. Pourquoi s'emmerder à se gâcher l'existence quotidienne avec un bonhomme alors qu'on peut se filer des rencards, se voir pour les meilleurs moments, chacun dans son appart avec à disposition un tiroir pour l'autre ? Comme quand on était jeunes mais avec plus de pognon, si on a de la chance.
Et j'en connais, des copines, qui vraiment, ne veulent en aucun cas y retourner, à la vie conjugale.
Une occasion de rappeler qu'on peut être seul(e) par choix. (Libre par choix, ça sonne étrange, non ?)
En ce qui me concerne, je sais trop comme j'aime l'intimité partagée pour dire, comme elles, plus jamais. Mais pas n'importe qui, n'importe quand, pour la raison principale de ne pas être seule.
Parce que je fonctionne bien, moi, seule. Et qu'il faudrait un sacré paquet d'amour pour se dire que c'est chouette de partager un territoire.
Je discutais de ça avec Cro-Mi, hier, qui m'a refait son couplet sur les modèles hétéro patriarcaux qu'on se fait chier à reproduire avec ferveur, alors que le polyamour et les relations ouvertes n'ont pas été inventés pour les chiens, hein. (Sic, environ). Bon, le même môme qui veut être célibataire et ne plus être emmerdé par des amoureux, ou amoureuses, ou on ne sait pas bien, pas au diapason.
Alors là aussi, libre ou pas, la question n'est pas si simple à trancher.
Consentir amoureusement une part de sa liberté, moi, ça me parle. Mais pas au point de disparaître.
Je ne sais pas pourquoi exactement je fais le lien, mais je me dis que tu devrais apprécier le livre "Nos puissantes amitiés" d'Alice Raybaud (je ne l'ai pas encore terminé, mais je le crois pertinent dans tes réflexions du moment, remettant notamment la notion de couple au cœur du débat).
S'il tape à côté, au pire, tu liras un bon livre ;)
Meilleure des consolation, lire un bon livre, Ambre, merci pour la référence !
"Sic, environ", je vais te le piquer !
(Je lis toujours, je commente peu, faut trouver un truc intelligent et tendre à ajouter pour rester au diapason)
Minka il ne faut que ce dont on a envie. Merci d'être là, toujours. Câlin des poings.
Ah mais ouiiiii ! Je n’avais jamais songé à ça : le champs lexical de la liberté comme générateur possible des peurs de l’engagement. Ça semble tellement évident maintenant que tu me le mets en face des yeux…
« les modèles hétéro patriarcaux qu'on se fait chier à reproduire avec ferveur, alors que le polyamour et les relations ouvertes n'ont pas été inventés pour les chiens » : J’adore 😂
Ce qui est marrant dans ce domaine c'est qu'il y a une grosse différence entre la théorie et la pratique, et que lors qu'on expérimente on ne peut même pas s'assurer de la reproductibilité des tests qu'on met en place (même avec la même personne, on peut changer avec le temps). Donc on a beau professer être PolyA, on va peut-être en réalité être incapable de s'y mettre, ou une relation va tout foutre en l'air, ou au contraire on peut se révéler à l'aise dans un trio à un moment, et plus le lendemain. Bref c'est chouette la liberté, mais c'est un peu flippant aussi cette imprévisibilité, même si c'est sans doute la dernière chose qui reste imprévisible en ce bas-monde déterministe.
Orpheus on a eu une discussion (beaucoup trop arrosée) autour de de sujet hier soir, le couple hétéro comme modèle de société, et comme d'hab, un camp hétéro, un camp gay, moi au milieu en mode Gaston Lagaffe "et si on danse ?" (et oui, mes enfants ont le sens de la formule, ces petits crapulous !)
Matoo il me semble que l'essentiel est que les parties prenantes soient OK entre elles. Et que quand ça évolue (et qu'on s'en rend compte), c'est bien si on arrive à s'en parler. Mais bon. La vie est une chose très surprenante, à l'occasion, donc les certitudes...