Je fonctionne avec un cœur mosaïque, éclaté en morceaux, tenus ensemble par une sorte de miracle.

Un cœur dans lequel un vide s'est rempli et un trou s'est creusé.

Ça fait des semaines, des mois, que je tourne autour de cette idée ; il m'est impossible de résumer ceci en "vis" ou "fuis".

Chaque morceau clair de cette mosaïque est taché de sombre, un point de douleur qui sera là, indéfiniment. Chaque carreau sombre porte la lumière d'instants qui n'ont pas de nom, qu'il est impossible d'expliquer et qui sont, pourtant, très concrets dans ma vie.

Me couper de la vue d'ensemble serait me couper d'un morceau de moi.

Mon cœur mosaïque, il n'est pas le fruit d'un scénario soigneusement établi, il s'est simplement reconfiguré comme ça, au fil d'évolutions intérieures et de plongées dans le chaud et le froid. Lumineux de tout ce qui est bon, marqué au fer rouge d'une incompréhension totale et de paroles inutilement cruelles. Moment marquant, mais moment seulement.

Malgré tout, il est possible que tout ceci ne soit qu'une illusion, une histoire tissée de mots sans réalité vraiment tangible. Mots que j'ai choisi de croire sans la moindre garantie qu'ils ne soient pas que ça ; assemblage de lettres et de phonèmes vides de sens mais qui dessinent des rôles acceptables.

La réalité, elle, est faite d'actes. De présence, d'échanges, de partages autant que de silences, de condescendance parfois, de flou. De rires, de confiance.

Je n'exclus rien, ni la possibilité d'un lien plus important que son nom ou sa forme, ni celle de me retrouver un beau matin face au vide complet qu'il y aurait derrière, la douleur encore plus vive. La vie le dira, sans doute, ou peut-être pas. Là n'est même pas la question.

À cet instant précis je choisis la confiance et l'espoir d'avoir bien fait.

Quand on se rencontre entre humains, certaines personnes, résonances, relations, présences deviennent un morceau de nous. Et si pour l'autre ce ne sont que quelques mots sans conséquences ? Ça ne changera rien à la façon dont ce lien a nourri mon architecture intérieure.

Alors, le plus vivable, pour moi, c'est d’accepter la complexité de ce qui se passe en moi sans la réduire. Et de croire que parfois l'humain est capable de toutes petites grandes choses.

Cette façon de prendre les choses en entier, de ne pas chercher à les simplifier, c'est ce qui fait qui je suis. Non, ça n'est pas facile, oui ça a un prix.

Mais au bout du compte, c'est moi. Femme mosaïque.