Dans mon cerveau rationnel, la vie n'est qu'un immense chaos auquel on cherche, a posteriori, à donner un sens pour rendre le tout vivable. Ce qui survient est le fruit d'une époque, d'une entropie plus ou moins dispersée, du hasard et de la chance.
Dans mon cerveau romanesque, alimenté par de trop nombreuses années de lectures intensives de romans et de visionnages de films, j'aime bien le côté dramatique de ce qu'on prête au destin. Les événements choc, les rencontres inévitables.
Ce côté imprévisible et improbable, cet alignement de planètes, ce "et si j'avais fait si" ou "si je n'étais pas allée là", si, si, si et quand même, on se trouve alors qu'on aurait pu ne jamais...
C'est tellement plus joli d'y voir un grand jeu cosmique auquel on ne peut échapper qu'une suite de hasard sans aucun lien, le fruit d'actions isolées qui engendre quelque chose d'impensable et de plus grand que "juste" un hasard.
Et puis, en regardant la très jolie série "Le sens des choses" me revient le concept de Bashert. Bashert, c'est ça l'inévitable, le destin, la rencontre, et par extension, les âmes soeurs.
Ca claque, hein.
Encore que je trouve ça un peu dur de coller ça sur les épaules d'une personne. "Zéro pression, hein, mais nous sommes destinés, chaton, merci d'être à la hauteur et d'annuler tous tes rendez-vous sur les 8 prochaines décennies." Faut être un peu à la hauteur du truc.
Mais c'est beau, aussi, de se dire qu'on est l'inévitable de quelqu'un qui est notre Bashert.
Sauf quand la réalité vient contrarier l'inévitable, ou l'inverse, on ne sait pas.
Fucking Bashert.
Je me souviens d'un moment de ma vie où j'ai eu très fort cette impression de "c'est pas un hasard", mais ou la relation n'était pas du tout à la hauteur du destin. A l'époque je me suis dit "ce sera pour une prochaine vie". Moi qui suis athée, je me surprend régulièrement à confier l'impossible à ma prochaine vie ;-)
Pour ma part, je crois à un mélange des deux, il y a des rencontres inévitables mais je crois quand même, qu'on peut passer à côté sans la reconnaître ou en tout cas, sans avoir la possibilité de vivre l'histoire qui devrait être vécue.
J'opte pour l'option "prochaine vie"
Alana alors c'était peut-être le destin que ça ne soit pas à hauteur du destin ?
J'aime bien ces petites contradictions entre rationnel et pensée magique (quand ça n'est pas pathologique, bien sûr !)
NP "je crois quand même, qu'on peut passer à côté sans la reconnaître ou en tout cas, sans avoir la possibilité de vivre l'histoire qui devrait être vécue." M'en parle pas.
« Mais c'est beau, aussi, de se dire qu'on est l'inévitable de quelqu'un qui est notre Bashert » : je sais pas pourquoi, mais je trouve ça hyper flippant… Y a un truc qui me plait pas… Si je parviens à identifier quoi et à le verbaliser, je reviens…
(Oui, oui, j’ai conscience que ce commentaire est… nul…)
Orpheus ce que je n'aime pas dans ce concept, c'est la perte du libre-arbitre, pour ma part, si ça peut éclairer ta réflexion. Nos relations ne seraient que le produit d'un "destin" et pas celui d'un choix librement consenti.
(Ce que c'est que d'avoir un cerveau rationnel et un cerveau romanesque qui s'engueulent, je ne te raconte même pas).
Voilà, je crois que j’ai mis la main dessus. Je range cette histoire de Bashert-Destiné dans le même sac que le fantasme sur les âmes-sœurs (le fameux mythe d’Aristophane dans Le Banquet de Platon, où l’amour parfait réunit les deux moitiés d’une même âme)… suis pas super fan.
On peut en déduire que s’il y a de temps en temps des prises de tête dans un couple, des imperfections de fonctionnement, c’est parce que la personne qu’on a en face de soi (ou derrière soi de temps en temps selon les positions amoureuses huhuhu) n’est pas la moitié parfaite. Et donc même si elle correspond à 80%, rester avec cette personne sous-entend l’abandon de la quête de la moitié parfaite. C’est terrible de rester avec quelqu’un en se disant qu’on passe peut-être à côté de la moitié idéale à laquelle on est soi-disant destiné.
Perso, je trouve l’individu tellement complexe, imparfait, changeant et compliqué que je me dis que trouver la personne qui n’aurait qu’une compatibilité à 75% relève déjà de la chance et de l’exploit. Et que cette relation mérite qu’on s’y attarde plutôt que de zapper pour un idéal illusoire et utopique.
Mais je suis d’accord avec toi quand tu parles de cerveau romanesque… J’ai aussi une midinette dans le cerveau qui a des coeurs et des étoiles dans les yeux sur ce fantasme de love story écrite dans un grand livre de la destinée…
(Voilà, c’est pas forcément moins nul comme commentaire, mais c’est plus développé ! LOL)
Ne dis pas de mal des commentaires de mon ami, Orpheus je te prie.
Y a ça (la compatibilité total, tss) et il y a l'acte de se choisir et rechoisir (ou pas). Comme dirait un ami à un tout autre propos, une relation dont on est pas libre de sortir (pas pour un oui ou pour un non) ne peut pas être saine.
Pour moi, il y a autre chose qui me met mal à l'aise : l'implicite que si l'autre nous complète, alors on n'a besoin de personne d'autre dans sa vie. Je pense que des générations se sont rendues malheureuses avec cette croyance, à attendre de l'autre ce qu'ielle ne peut pas donner à un instant T, à se raconter que ce n'est pas normal.
Anna c'est très vrai, ce que tu dis.
Si je dois faire la synthèse de ce que ça m'évoque, c'est une jolie façon de se dire qu'on s'aime. Et qu'on est émerveillé par cet amour. Et c'est à peu près tout. (Et encore faut-il lever l'implicite, les attentes (encore, putain d'attentes) irréalistes.)