Le titre de ce billet vient, d'une part, du correcteur automatique de mon téléphone qui s'obstine à corriger trouille en rouille, ce qui a parfois des effets étranges, encore plus quand j'aggrave mon allergie à la relecture par le fait de répondre sans mettre mes lunettes, d'autre part à des conversations multiples sur le rapport corporel à un(e) autre ces derniers temps. Or donc, le titre est tombé, et il m'amuse trop pour le laisser dans un coin. Donc il faut écrire un billet.

Il me semble que quand ça fait longtemps qu'on est avec une personne ou qu'on n'est plus avec une personne depuis longtemps, il y a cette légère appréhension au moment de se dévêtir, d'exister nu(e) contre le corps d'un(e) autre.

Même quand on a une tendresse amusée pour le goofy love des débuts, même quand on est émotionnellement, intellectuellement "à poil" devant l'autre depuis un moment, il y a ce petit saut dans le vide, ce "et si je ne savais pas / plus faire" sans parler de la Bavarde qui peut vous prédire tout un tas de déconvenues particulièrement humiliantes, allant de l'absence apparente de désir (ce fourbe) à la crainte d'une fuite du partenaire devant notre vérité toute nue.

Honnêtement, même moi, dotée d'une Bavarde bavarde et d'un corps pas aux normes, je sais relativiser en disant que jamais, dans l'histoire de mes corps à corps, un homme n'a fui à ma vue. Mais quand même.

Ceci n'est pas mon cul mais mon reflet dans une flaque d'eau.

Si, à l'instant où j'écris ce billet, je n'ai pas de réjouissances corporelles en vue, ayant décliné récemment l'énième tentative d'un prétendant à l'obstination légendaire, c'est quand même un truc que je me souhaite, d'accueillir dans mes bras (et ailleurs) le désir d'un homme et de lui offrir le mien. Ok je n'y mets pas du mien, entre rejet massif des applis dites de rencontre, impression d'avoir fait le tour il y a fort longtemps des mecs d'un soir ou occasionnels. Envie que l'expression de nos corps soit le reflet d'une relation entière, ça ne va pas tant que ça de soi, ou en tout cas pas dans ma vie jusqu'ici. Ou alors dans le mauvais sens du terme.

Mais pas envie de me souhaiter que ma vie sexuelle se passe pour toujours entre moi et moi (pas de débat moral sur le sujet, juste : ça tient pour moi de l'éternuement, de l'extinction d'une tension et pas, d'une façon pleine et entière de se connecter à quelqu'un, fût-ce moi).

Alors voilà. Surmonter la trouille du cul, j'y vais, mais j'ai peur. Enfin.. pas aujourd'hui, ni demain, j'ai visiblement du temps devant moi pour me faire à l'idée, ou pour faire monter la petite inquiétude.

Et la trouille du "plus de cul ?" Plus massive, sans doute. C'est long, un tiers de vie sans être touchée, je trouve.

Merde. J'avais dit que ça serait un billet drôle.