Longtemps j'ai cru, et plutôt par modèle proche qu'à cause de mon cerveau tordu, qu'une vie amoureuse était synonyme d'un certain abandon de soi. Comme s'il fallait renoncer à un morceau de qui on est pour forger une nouvelle identité à deux. Quand je parle de croire, c'est un peu brutal, ça n'était pas une pensée consciente mais un fait assimilé, une chose qui va de soi dans mon esprit.

Évidemment, ça ne m'a pas tellement réussi. Il y a en moi un gros morceau indomptable, qui aimerait, parfois, par amour, pour faire plaisir, se plier à la demande mais qui ne cède jamais vraiment. Un bout qui finit toujours par se rebeller.

Je ne pense pas que ça me soit particulier, j'imagine qu'on est tous comme ça, simplement, ça a mis du temps à monter à la surface.

Il y a très très peu d'hommes à qui j'aurais eu envie d'ouvrir ma vie amoureuse et qui auraient su faire face à ce bout de moi, je crois. Même pas cap' !

Il y a eu les quelques qui n'ont pas vraiment essayé, pour des raisons qui leur appartiennent. Pour ceux avec qui j'ai vécu longuement, il y a celui qui a tenté de le mater, ça s'est mal fini. Il y a celui qui s'est fait bouffer par, d'une certaine façon, et ça s'est mal fini aussi. Probablement, j'ai foiré avec le leur, de morceau impossible à abandonner.

A vrai dire, de ceux qui me restent en tête, il n'y en a qu'un, dont je me dis que non seulement, il aurait pu s'en débrouiller, mais surtout aimer aussi, cette part indomptable et avec qui, réciproquement, j'aurais pu faire avec la sienne, peut-être. Je ne le saurai jamais, probablement. Et si...

Accepter que l'autre nous échappe toujours un peu, aimer cette part indomptable de lui en plus. Vaste programme.