(Le début du récit est ici).

Le temps de gérer la logistique un peu contrariée du retour, je lève la tête et réalise que je suis "dans la zone" de quelqu'un. A quelques centaines de mètres ou à quelques heures, peut-être, ça n'est pas précis, c'est juste une pensée qui passe.

Tiens, on a pas été aussi près depuis longtemps.

(C'est un peu absurde et inexact mais je suis belge pour 1/8e de mon ADN, donc l'absurdité fait partie de moi, et on est pas là pour faire du fact checking).

Comme par hasard, sur la liste de mes favoris, lancée en aléatoire, s'enchaînent trois titres qui vont exactement avec ce quelqu'un et avec moi en même temps.

Un fragment de seconde durant, je pense à m'éjecter du métro. A l'arrêt et par la porte, hein.

Et puis je me dis quoi ? Ca se trouve on est plus loin que ça, et puis on ne se lance pas dans une course frénétique dans la nuit glacée parisienne pour voir quelqu'un qui fait autre chose, qui n'a pas manifesté désir ou envie, et qu'on dérangerait probablement et à plus d'un titre. La pensée de ce que serait un retour de plus en plus galère, après un trou au cœur auto-infligé, me garde assise. L'image fugace de mon grand bébé qui attend que, dans son sommeil, j'aille lui faire un bisou de "je suis bien rentrée" aussi.

On ne se pointe pas à un rendez-vous qu'on a pas, meuf.

Oui, enfin si, ça m'est arrivé, parfois. Mais la vie n'est pas une comédie romantique (sauf pour NP) et le rapport bénéfices / risques n'est pas en ma faveur.

Je suis rentrée chez moi, donc, les correspondances bien faites, sans attentes excessives, même un bus à la fin pour éviter une marche polaire. Disons que si ça s'est si bien enquillé, ça devait être la bonne décision.

Habitée par ce non rendez-vous manqué, quand même, un peu.

Beaucoup, peut-être, même.

Ca doit être une toile de fond de ma vie en ce moment. Les non rendez-vous auxquels on ne vient pas.

Il n'y avait personne, enfin il n'y avait pas la personne avec qui je n'ai pas rendez-vous, non plus, ce matin, au Demain Peut-Être.